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La souscription digitale de placements financiers ? Les résultats cinglants des visites mystères AMF

| 16 juillet 2018 | Etude |




Le jugement est sans appel. Le processus de digitalisation d’ouverture de compte titres de souscription de fonds d’investissement reste peu développé et convainquant pour bon nombre d’établissements de crédit pourtant 100% en ligne, ceux traditionnels ou encore les nouveaux acteurs Fintechs. Observons ensemble les résultats des visites mystères réalisées par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) sur plus de 21 établissements fin 20171.



Les visites mystères AMF, des pratiques anciennes désormais courantes

Depuis 2010, l’AMF pratique régulièrement des visites dites mystères lui permettant d’avoir une vision concrète des pratiques commerciales d’établissements bancaires sur des sujets ciblés.

Sans constituer à proprement parler un contrôle ou une enquête2, le régulateur financier vérifie ainsi notamment la bonne découverte de l’épargnant, la pertinence des propositions commerciales ou encore la qualité des informations délivrées sur les produits.

Avec des scénarios « risquophobes/risquophiles », l’AMF a ainsi réalisé des visites mystères physiques dans des établissements bancaires en 2010, des visites en ligne de 2016 à 2017 sur des plateformes proposant des produits fortement spéculatifs à risque3. Au cours du dernier trimestre 2017, l’AMF a souhaité observer les pratiques commerciales en matière de souscription de placement sur internet sous l’angle « nouveau client ».

Examinons ensemble les résultats de cette campagne.


Des modalités d’ouverture de compte-titres jamais totalement digitalisées

Qu’ils soient traditionnels ou 100% en ligne les établissements bancaires visités ne possèdent pas de processus d’ouverture de compte à distance totalement dématérialisé.

Les banques traditionnelles imposent systématiquement un passage en agence même après pourtant avoir débuté les demandes d’ouverture en ligne. La domiciliation des salaires a parfois été imposée (1 établissement) ou l’ouverture d’un compte de dépôt régulièrement exigée (8 établissements) préalablement à l’ouverture définitive du compte-titres.

S’inscrivant dans une relation plus large, leurs pratiques commerciales ont privilégié le service de conseil en investissement avec une véritable découverte client (rendez-vous pouvant durer jusqu’à 1h à 1h30 bien qu’il n’y ait pas de souscription de produits financiers) plutôt qu’une simple ouverture de compte-titres « sèche ». Il conviendra de compter un délai moyen de 4 semaines sur une amplitude de 12 jours à 7 semaines.

A contrario, les banques 100% en ligne n’exigent pas l’ouverture d’un compte de dépôt préalable à l’ouverture d’un compte-titres. Notons que seules 3 banques permettent véritablement une ouverture totalement digitale alors que les 6 autres imposent le renvoi du contrat et de pièces justificatives par courrier. Le délai moyen d’ouverture est considérablement réduit avec 14 jours sachant que les plus rapides ouvrent des comptes-titres après seulement 6 jours.


Des offres commerciales singulièrement différentes

L’AMF souligne une différence marquée en termes d’offres entre les banques traditionnelles, celles en ligne et les nouveaux acteurs Fintech .

Les premières proposent prioritairement des produits maisons, 2 banques proposent même exclusivement des fonds mais (gammes de 15 fonds), les autres une gamme plus large. La recherche de fonds autres que maisons reste néanmoins difficile puisqu’il faudra saisir soi-même directement le code ISIN du fonds à trouver encore faut-il le connaitre.

Les banques 100% en ligne adoptent, en revanche, une stratégie multiproduits type « supermarché de l’épargne » en proposant une gamme de fonds souvent large. Les Fintechs proposent enfin principalement de la gestion sous mandat en ligne en se concentrant sur une stratégie mono-produit centrée sur le projet financier du client.

A l’heure où les français préfèrent gérer eux-mêmes leurs placements financiers (59%4) et qu’une grande majorité estiment qu’il sera difficile de financer sa retraite (78%4), la digitalisation de placements financiers a encore du chemin à faire.


Par ses services d'assistance face à des contrôles, d'accompagnements, d'audits, de formations, de veilles réglementaire, Regalex aide les prestataires de services d’investissement (PSI) ainsi que les CIF à ne pas violer leurs obligation obligations professionnelles imposées par MIF II et respecter les recommandations AMF.



1 Visites réalisées d’octobre à décembre 2017 dans 9 banques en ligne, 9 banques traditionnelles et leurs sites en ligne et 3 Fintech, cf. Résultats des visites mystères « souscription de placements en ligne » juin 2018 publiée par l’Autorité des marchés Financier le 10 juillet 2018.
2 Article L.621-9 et suivants du Code monétaire et financier.
4 Investissement sur le Forex et en options binaires dont la publicité est désormais interdite depuis la Loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (Loi Sapin II).
5 Selon les sondages respectivement Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement un échantillon de 1.200 français de 18 ans et plus interrogés en octobre 2017 et « Les français et les grandes dépenses de la vie » OpinionWay pour Lyxor, 1.028 français de 18 ans et plus juin 2018 figurant dans la Lettre de l’Observatoire de l’épargne de l’AMF, n°29 de juillet 2018 publiée le 10 juillet 2018.