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2025 : chant du signe ou révolution de la gestion d’actifs et de fortune ?

| 01 décembre 2018 | Actualité |




Selon une récente étude intitulée Asset & Wealth Management Revolution Pressure on profitability et publiée fin octobre 20181 par le cabinet de conseil PriceWaterhouseCooper (PWC), la gestion d’actifs et de fortune risque de connaitre de véritables bouleversements d’ici 2025. Les actifs sous gestions (AUM) vont certes considérablement augmenter mais paradoxalement rapporter peu de revenus supplémentaires aux professionnels du secteur. Ces derniers vont connaitre dans le même temps une diminution drastique de leurs frais de gestion.



Des AUM globalement en hausse d’ici 2025

Les AUM vont augmenter tout secteur confondu tant en gestion individuelle sous mandat qu’en gestion collective de 2004 à horizon 2025 pour atteindre le chiffre faramineux de plus de 145,4 billions de dollars américains. En plus de 21 ans, les AUM auront connu ainsi une hausse de presque 290%2 soit respectivement en billions de dollars américains3 :

  • 18,7 en 2004 à plus de 64,8 estimés en 2025 (+ 71,14%) pour la gestion individuelle sous mandat ;
  • 16,1 en 2004 à plus de 59,5 estimés en 2025 (+ 72,94%) pour la gestion collective.

Les hausses précitées s’accompagneront d’une consolidation forte de l’industrie sur certains marchés ainsi qu’une diminution des nombres de canaux de distribution. Parallèlement la digitalisation et l’automatisation croissante du conseil financier deviendront aussi une nécessité en dépit d’un bilan actuellement contrasté en termes de collectes auprès des épargnant français et internationaux.


Des frais de gestions d’AUM globalement en fortes baisses d’ici 2025

Paradoxalement les AUM vont être moins rémunérateurs pour les professionnels de la gestion d’actifs et de fortune en raison d’une diminution des frais de gestion, toute classe d’actifs et secteurs confondus d’ici 2025.

Les chiffres sont frappants et sans appel à tel point qu’aucun type de gestion ne sera épargné, qu’elle soit dite4 :

  • Active : 0,59% en 2012 à 0,44% en 2025 de frais de gestion avec une diminution respective de -8,6% entre 2012-2017 et de -19,3% entre 2017-2025 ;
  • Passive : 0,20% en 2012 à 0,12% en 2025 de frais de gestion avec une diminution respective de -25,7% entre 2012-2017 et de -20,7% entre 2017-2025.

Les plus fortes baisses seront particulièrement importantes avant 2021 au même rythme qu’un alignement d’intérêts entre professionnels de l’industrie et investisseurs. Il conviendra de noter que les diminutions de frais seront cependant hétérogènes d’une région du monde à une autre. Pour la gestion dite :

  • Active : l’Europe sera la principale perdante avec une baisse estimée à plus de 26% entre 2017 et 2025. Viennent ensuite par ordre décroissant sur la même période l’Asie Pacifique (-24,6%), le reste du Monde (-14,5%) et en dernier les USA (-13,5%, bon élève ce pays a déjà connu de manière précoce des diminutions de frais).
  • Passive : L’Europe est à nouveau la mauvaise élève avec une baisse estimée à plus de -34,9%, puis l’Asie Pacifique avec -32,1%, le reste du monde avec -22,1% et les USA avec -16,9% entre 2017 et 2025.

Les chocs réglementaires réguliers des législateurs tant européens que nationaux se feront progressivement sentir avec des conséquences positives pour les investisseurs et cela depuis 2012 jusqu’à 2025. L’entrée en vigueur cette année de la deuxième directive sur les marchés d’instruments financiers (MIF 2)4 et de la directive sur la distribution d’assurance (DDA)5 en droit français ou encore la Retail Distribution Review (RDR) de la Financial Service Authority (FSA)6 au Royaume Uni le 31 décembre 2012 sont les principales preuves de tels mouvements de baisse programmée de frais de gestion. Cette avalanche réglementaire associée à une mise en conformité obligatoire mettent les acteurs de la gestion d’actifs et de fortune un peu plus sous pression poussant même certains conseillers en gestion de patrimoine à adopter une indépendance réglementaire et non plus en rester à un simple argument marketing.

Les chocs culturels enfin peuvent expliquer ces mouvements croisés de hausse d’AUM et de baisse de frais de gestion d’ici 2025. L’adoration exclusive du veau d’or est désormais insuffisante. L’intégration de nouveaux enjeux par l’industrie financière devient indispensable pour lui permettre de répondre aux nouvelles attentes actuelles et futures de sa clientèle. De plus en plus d’investisseurs souhaitent, en effet, que les gestionnaires d’actifs et fortune intègrent dans leur gestion de leurs avoirs confiés des impacts notamment environnementaux, de gouvernance ou sociétaux. La gestion Investissement Socialement Responsable (ISR) a le vent en poupe et l’aura de plus en plus. Dans sa récente lettre annuelle 2018, Larry Finks, CEA de Blackrock déclarait à juste titre que « to prosper over time every company must not only deliver financial performance but also show how it makes a positive contribution to society »7.


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1 AUM Revolution pressure on profitability.
2 Les AUM sont passés en 2004 de 37,3 billions de dollars américains à 145,5 billions de dollars américains estimés en 2025.
3 Selon le PWC Global AWM Reasearch Centre, d’après des analyses passées sur l’indice Lipper, l’Investment Company Institute, l’European Fund and Asset Management Association, City UL, Hedge Fund Research and Prequin et le recours régulier à l’outil d’analyse financière Morningstar.
4 Directive 2014/65/UE du 15 mai 2014 du Parlement européen et du Conseil concernant les marchés d’instruments financiers et modifiant la directive 2002/92/CE et la directive 2011/61/UE.
5 Directive (UE) 2016/97 du Parlement européen et du Conseil du 20 janvier 2016 sur la distribution d’assurances.
6 La Financial Services Authority est l’ancienne dénomination de l’autorité de supervision du secteur financier britannique de 2001 à 2013. Désormais, la Financial Conduct Authority (FCA), elle est l’équivalent de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) au Royaume-Uni.
7 Larry Fink’s annual letter to CEOs 2018 A sense of purpose.